• 30 mars 2024

Saint-Maur mobilisée contre l’installation de l’usine Eiffage sur le port de Bonneuil

DSCF3074Par Sylvain BerriosL’implantation sur le port de Bonneuil d’une usine centrale d’enrobage exploitée par la société Eiffage Travaux Publics suscite beaucoup d’interrogation et d’inquiétude, à Saint-Maur, mais également à Sucy-en-Brie. Le Conseil municipal de Saint-Maur est le seul à s’être prononcé contre cette implantation et à continuer à se mobiliser.

Des questions restées sans réponse

L’installation et l’exploitation par la société Eiffage travaux publics d’une usine d’enrobage, rue du moulin Bateau sur un site de plus de 20 000 m² dont 2019 m² construits au coeur du port de Bonneuil suscite dans les villes avoisinantes de Saint-Maur, Sucy-en-Brie et Bonneuil une très vive inquiétude. En effet l’activité de cette centrale d’enrobage est décrite dans les cahiers de l’enquête publique comme suit : «broyage, concassage, criblage, ensachage, pulvérisation, tamisage, mélange de pierres, minerais et autres produits naturels ou artificiels ou déchets non dangereux inertes » ! Cette usine est considérée comme une installation classée et donc soumise à autorisation tant pour la centrale d’enrobage, que pour le dépôt de lignite, asphalte et autre matière bitumineuse ou pour le poste de broyage/concassage. en outre une déclaration spécifique pour la station de transit de produits et minéraux doit être réalisée.

Même si l’étude d’impact environnemental et de danger conclut à des coefficients de danger et de risque tous inférieurs aux valeurs limites fixées, on peut s’interroger sur la pertinence de l’installation d’une telle usine à proximité immédiate du groupe scolaire des mûriers à Saint-Maur ou des Noyers à Sucy-en-Brie. Quels sont les véritables impacts de l’implantation de cette usine sur la pollution de l’eau et de l’air ? Quelles conséquences sur les nuisances olfactives et sonores ? Le cumul des risques pour la santé et l’environnement de l’ensemble des installations classées sur le port a-t-il été évalué ? Aucune réponse n’a été apportée à ces questions fondamentales. C’est pourquoi le Conseil municipal de Saint-Maur a émis un avis défavorable à l’implantation de cette usine d’enrobage tant que :

• une étude de bruit ne sera pas réalisée pour apprécier les nuisances du poste de concassage pendant les 6 semaines annuelles d’activité ;

• une simulation visuelle (photomontage) de l’impact paysagé du poste principal vu de Saint-Maur ne sera pas proposée ;

• la faisabilité de la couverture de l’ensemble des alvéoles afin de limiter la dispersion de poussière ne sera pas examinée ;

• une analyse précise de la qualité des eaux pluviales, avant et après le séparateur à hydrocarbures, ne sera pas présentée ;

• la démonstration que les rejets cumulés des eaux pluviales de la zone ne portent pas atteinte à la qualité de l’eau et au milieu naturel, comme l’exige la loi sur l’eau et sur les milieux aquatiques

• une simulation de la pollution de l’air affectant saint-maur prenant en compte l’ensemble des rejets de la zone d’activité ne sera pas effectuée.

Les élus de Saint-Maur exigent des études complémentaires

Sylvain Berrios, Conseiller général du Val-de-Marne et maire-adjoint de Saint-Maur, a reçu le directeur général du port de Bonneuil pour lui signifier que tant que ces études complémentaires ne seront pas réalisées, la ville de Saint-Maur refusera de donner un avis favorable. Le maire de Saint-Maur a également saisi le Préfet. Par ailleurs une pétition lancée par l’association Collectif t’air-eau 94 contre l’implantation de cette installationa déjà recueilli près de 3000 signatures, dont près de 1000 Saint-Mauriens.

Face à cette très forte mobilisation, le Préfet du Val-de-Marne a dû accepter d’organiser une réunion avec l’ensemble des services de l’état le 21 mars. Lors de cette entrevue, Sylvain Berrios et Catherine Juan (maire-adjointe déléguée à l’environnement), qui représentaient le maire de saint-maur, ont réaffirmé la position de la ville et le caractère non négociable de l’avis défavorable émis par le Conseil municipal suite à l’arrêté d’exploitation pris par le Préfet du Val-de-Marne. Les élus Saint-Mauriens ont indiqué que le potentiel de production d’enrobage dans les usines du Val-de-Marne (dont celle de la SCREG installée également sur le port de Bonneuil à 50 mètres de celle d’Eiffage!) est suffisant pour répondre à la demande industrielle de 400 000 tonnes par an. De surcroit il n’était pas opportun de concentrer sur un même site et à proximité immédiate de quartiers résidentiels comportant des groupes scolaires des activités classées et potentiellement polluantes.

Mais plus encore, c’est l’exigence d’études complémentaires qui apparaît absolument essentielle, pour deux raisons principales. En premier lieu parce qu’il s’agit d’une demande formulée dans le cadre d’une enquête publique relative à une activité classée. Dès lors, le commissaire enquêteur doit y apporter une réponse explicite. Or lors de l’entrevue en préfecture, le représentant de l’Agence régionale de la santé (Ars) qui a validé les études d’impact sanitaire, interrogé par les élus de Saint-Maur, a reconnu qu’il n’avait jamais été saisi des observations de la ville de Saint-Maur et que celles-ci de fait n’avaient jamais été étudiées ! En second lieu parce qu’il ne sert strictement à rien de faire des études et des mesures de pollution de l’air, du sol et de l’eau après la mise en exploitation de l’usine, si l’on ne connaît pas l’état initial avant la mise en exploitation de l’usine. A l’issue de cette réunion, le Préfet du Val-de-Marne s’est engagé à produire un arrêté complémentaire à l’autorisation d’exploitation afin qu’un programme de mesures et d’études soit conduit par un bureau d’étude indépendant avant le mise en service de la centrale d’enrobage. Afin de marquer la détermination de la ville de Saint-Maur à protéger son cadre de vie, le Conseil municipal dans sa séance du 05 avril a réitéré ses exigences et autorisé le maire à saisir si nécessaire les tribunaux. La mobilisation continue !

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